- Winnie Madikizela-Mandela
- La Reine NZinga
- Paulette Nardal
- Ranavalona III
- Harriet Tubman
- La Kahina
- Ndaté Yalla Mbodj
- Wangari Maathai
- Sanite Belair
- Billie Holiday
- Alice Coachman
- Kimpa Vita
- Yennenga
Winnie Madikizela-Mandela
Winnie Madikizela-Mandela, activiste politique, militante anti-apartheid et épouse de Nelson Mandela pendant trente-huit ans.
Le parcours de Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela, connue sous le nom de Winnie, est indissociable du premier président noir d’Afrique du Sud, dont elle a été l’épouse pendant trente-huit ans, y compris les vingt-sept qu’il a passés en prison.
Née le 26 septembre 1936 dans la province du Cap oriental, dont est également originaire Nelson Mandela, elle décroche un diplôme universitaire de travailleur social, une exception pour une femme noire à l’époque.
Son mariage en juin 1958 avec Nelson Mandela (elle a 21 ans, et lui, divorcé et père de famille, presque 40) est vite contrarié par l’engagement politique de son mari. « On n’a jamais eu vraiment de vie de famille (…) on ne pouvait pas arracher Nelson à son peuple. La lutte contre l’apartheid, la Nation venaient d’abord », écrit-elle dans ses mémoires.
Après leur mariage, Nelson Mandela entre très vite dans la clandestinité. Restée seule avec leurs fillettes après son arrestation en août 1962, Winnie maintient la flamme du combat contre le régime raciste blanc.
La jeune assistante sociale est alors la cible de manœuvres d’intimidation et de pressions constantes. Emprisonnée, astreinte à domicile, bannie dans un bourg à l’écart du monde où sa maison est visée par deux attaques à la bombe… Mais rien n’arrête la résistante, qui continue à défier les autorités blanches. Contre vents et marées, elle devient l’une des figures de proue du Congrès national africain (ANC), fer de lance de la lutte anti-apartheid. En 1976, elle appelle les lycéens de Soweto révoltés à « se battre jusqu’au bout ».
La radicale « passionaria des townships » se révèle pourtant, avec le temps, un handicap et une gêne pour l’ANC. Alors que les traîtres présumés à la cause anti-apartheid sont brûlés vifs, avec un pneu passé autour du cou, elle déclare que les Sud-Africains doivent se libérer avec des « boîtes d’allumettes ». Un véritable appel au meurtre. Winnie s’entoure d’un groupe de jeunes hommes formant sa garde rapprochée, le Mandela United Football Club (MUFC), aux méthodes particulièrement brutales.
En 1991, elle est reconnue coupable de complicité dans l’enlèvement d’un jeune militant, Stompie Seipei. Elle est condamnée à six ans de prison, une peine ultérieurement commuée en simple amende. En 1998, la Commission vérité et réconciliation (TRC) chargée de juger les crimes politiques de l’apartheid déclare Winnie « coupable politiquement et moralement des énormes violations des droits de l’Homme » commises par le MUFC. « Grotesque » répète celle que l’on surnomme la Mère de la Nation, même si des témoins l’accusent de torture.
« Elle était une formidable égérie de la lutte, une icône de la libération », dira d’elle le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, président de la TRC et ami de Nelson Mandela. « Et puis, quelque chose a terriblement mal tourné ».
Nommée vice-ministre de la Culture après les premières élections multiraciales de 1994, Winnie est renvoyée pour insubordination par le gouvernement de son époux, un an plus tard. Mise au ban de la direction de l’ANC, condamnée une nouvelle fois en 2003 pour fraude, Winnie fait tout de même son retour en politique quatre ans plus tard en intégrant le Comité exécutif du parti, l’instance dirigeante de l’ANC.
Elle multiplie les contradictions. Députée depuis 1994 et réélue à chaque élection, elle brille par son absence au Parlement. Celle qui mène grand train prend régulièrement la défense des plus pauvres. Elle critique vertement l’accord historique passé par son illustre mari avec les Blancs pour mettre fin à la ségrégation. « Mandela nous a abandonnés », assène-t-elle, « l’accord qu’il a conclu est mauvais pour les Noirs ».
L’image du couple Mandela, marchant main dans la main à la libération du héros anti-apartheid en 1990, a fait le tour du monde. Mais les époux ne se sont jamais retrouvés. Ils ont fini par divorcer en 1996 (…).
Leur animosité a continué même après la mort de Nelson Mandela en 2013. Il ne lui a rien légué. Furieuse, elle a engagé une bataille pour récupérer la maison familiale de Qunu (sud). La justice l’a (…) déboutée de ses demandes.
[Elle est décédée le 2 avril 2018].
Portrait écrit par l’Agence France Presse
La Reine NZinga
La Reine Nzinga est un symbole de lutte anticoloniale au 17ème siècle.
A la tête du royaume de Ndongo et du royaume de Matamba (dans l’actuel Angola) elle se dressa contre les ambitions colonialistes portugaises sur les côtes sud-africaines, un territoire stratégique dans la traite des esclaves.
Nzinga naît vers 1582 sur les côtes de l’Angola, dans la famille royale de Ndongo. Dès son plus jeune âge, elle reçoit une formation militaire et politique. Elle apprend le portugais et devient négociatrice auprès des commerçants européens qui fréquentent cette région depuis déjà plusieurs décennies.
Son frère Ngola Mbandi accède au pouvoir en 1617, à la mort de leur père. Il évince alors de nombreux rivaux prétendant au trône. Nzinga est épargnée mais son fils est exécuté et elle est stérilisée de force. Face à la menace portugaise en 1621, elle est nommée ambassadrice pour négocier une pacification dans les relations diplomatiques entre le royaume Ndongo et le Portugal. Elle parvient à faire signer un traité de paix entre les deux parties. Mais la trêve ne tient pas et les hostilités reprennent rapidement.
Lorsque son frère meurt en 1624, elle fait assassiner le prince héritier, son neveu, et devient reine à l’âge de 43 ans. Pendant près de quarante ans de règne, elle mène son armée d’hommes et de femmes d’une main de fer contre l’envahisseur portugais, guerrière implacable et négociatrice avisée entre les différentes puissances africaines et européennes qui l’entourent. Dans une région où les formes traditionnelles d’esclavage (domestique et lié aux prises de guerre) sont une réalité omniprésente, son action entrave le développement des activités de traite conduites par les Portugais sur la côte atlantique.
Entre 1631 et 1635, Nzinga envahit le royaume voisin de Matamba en capturant la reine Mwongo Matamba. Elle colonise ce nouveau territoire et y développe la traite d’esclaves en vue de financer la guerre qui continue dans son autre royaume. Après 25 ans de guerre, la paix est signée avec le Portugal, notamment grâce à sa reconversion au christianisme, qu’elle avait déjà embrassé à l’occasion des négociations de paix qu’elle avait menées en 1622, avant de l’abandonner un temps pour rallier à sa cause les puissants Imbangala aux rites d’initiation particulièrement violents. Ce retour vers l’Église catholique lui permet notamment d’obtenir la reconnaissance de son royaume par le pape Alexandre VII.
Elle meurt de vieillesse en 1663.
Source : Fondation pour la mémoire de l’esclavage
https://memoire-esclavage.org/biographies/njinga
Paulette Nardal
Journaliste, écrivaine, activiste, professeure d’anglais, marraine de la Négritude et musicienne.
Née le 12 octobre 1896 en Martinique, Paulette Nardal est l’ainée d’une famille de sept sœurs. Issue d’une famille bourgeoise, elle est la fille de Paul Nardal, dont les parents avaient été esclaves et qui fut le premier Martiniquais noir ingénieur des ponts et chaussées, et de Louise Achille, institutrice et professeure de piano. Elle est élevée dans l’admiration des grandes œuvres de la culture classique occidentale, mais également dans la fierté d’être noire, contre les stéréotypes de l’époque en Martinique.
Après être devenue institutrice, elle part étudier à Paris. Elle est alors la première femme noire inscrite à La Sorbonne, où elle étudie l’anglais et consacre son mémoire de fin d’études à Harriet Beecher Stowe, abolitionniste convaincue et auteure de La case de l’Oncle Tom.
En arrivant dans ce Paris où René Maran est, en 1921, le 1er auteur noir à recevoir le prix Goncourt et où bientôt Joséphine Baker va électriser la capitale, elle se dit « heureuse et fière de voir comment les Occidentaux, les Parisiens, les Français pouvaient vibrer devant ces productions noires ». Avec ses sœurs Jane et Anne, elle anime un salon littéraire au 7 rue Hébert à Clamart, dans le sud de Paris, pour promouvoir l’« internationalisme noir ».
Toute la diaspora afro-descendante passant par Paris s’y croise : des Français issus de Guadeloupe, Guyane et Martinique comme Félix Eboué, René Maran, René Ménil ou Louis-Thomas Achille (son cousin), des Africains issus des nouvelles colonies françaises comme Léopold Sédar Senghor, et des Africains-Américains comme Langston Hughes et Claude Mac Kay dont Paulette Nardal parle la langue et avec qui elle correspond.
En 1931, après avoir donné une dizaine de papiers au périodique parisien La Dépêche Africaine, l’organe du Comité de Défense des Intérêts de la Race Noire (CDIRN), elle crée avec le médecin d’origine haïtienne Léo Sajous « La Revue du monde noir », une revue bilingue français / anglais qui est le prolongement naturel de son salon, et qui ouvre ses colonnes à la Harlem Renaissance autant qu’aux premiers textes d’auteurs venus des colonies. En six numéros, la revue propose des poèmes, des revues de presse, des articles d’actualité et de réflexions sur la place des Noirs dans le monde et dans la société coloniale, dont les textes de Paulette elle-même où elle évoque l’importance de redonner aux Noirs leur fierté ou l’expérience des femmes noires en hexagone.
En 1935, elle se mobilise contre l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie. La même année, elle est la seule femme à signer un article dans L’Etudiant Noir, aux côtés des jeunes Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, alors en pleine invention du concept de Négritude. Théoricienne pionnière d’une conscience noire française, elle sera pourtant effacée de l’histoire du mouvement, même si ses fondateurs lui rendirent quelques hommages discrets – Césaire en faisant apposer son nom sur une place de Fort-de-France, Senghor qui écrira « Elle nous conseillait dans notre combat pour la résurrection de la négritude ».
Revenue en Martinique pendant la 2ème guerre mondiale, après avoir été gravement blessée en tentant de franchir l’Atlantique, elle s’engagera en politique à la Libération, lorsque les femmes obtiendront le droit de vote.
Militante au sein du Rassemblement féminin, elle incite les femmes martiniquaises à user de leurs droits de vote, tout en animant le journal qu’elle a créé, La femme dans la cité.
Après avoir passé 18 mois aux Nations-Unies à New-York, où elle représentera les Antilles à la fin des années 1940, elle se consacrera à la promotion de la musique, sur laquelle elle a toujours beaucoup écrit, dans la ligne de WEB DuBois, en animant une chorale et en popularisant l’art des Negro Spirituals en Martinique. Elle disparaît à 89 ans, en 16 février 1985, après avoir traversé tout le siècle en femme libre et engagée.
Source :
https://memoire-esclavage.org/biographies/paulette-nardal
Ranavalona III
Dernière reine de Madagascar
Née le 22 novembre 1961 à Amparibe sur les hauts plateaux, la princesse Razafindrahety est descendante de la dynastie Merina, de caste Andriana.
Elle est éduquée par des missionnaires protestants et monte sur le trône en 1883 à la mort de la reine Ranavalona II dans un contexte très difficile, les puissances occidentales – Hollande, France, Angleterre – se disputant l’île en raison de sa position stratégique.
Ranavalona tente de s’opposer à la colonisation en multipliant les relations diplomatiques avec les États-Unis, mais la France parvient à diviser les populations de l’île et attaque en 1895 les villes portuaires côtières et le palais royal, qu’elle occupe, mettant fin à quatre siècles de monarchie et d’indépendance de l’île.
Dans un premier temps, la reine et sa cour ont été autorisées à rester en tant que figures symboliques, mais en 1897, le déclenchement d’une rébellion populaire a conduit les Français à l’envoyer en exil sur l’île de la Réunion, puis à Alger, où elle est décédée en 1917.
Mais l’histoire de Ranavalona ne s’arrête pas là : après de longues négociations avec la France, le 5 novembre 2020, un avion ramène à Madagascar la couronne de la reine, qui repose désormais dans le magnifique palais royal connu sous le nom de Rova à Antananarivo (en malgache Rovan’i Manjakamiadana).
La dernière fleur de Madagascar est revenue à jamais dans la mémoire du continent.
Source Pressenza :
Harriet Tubman
Harriet Tubman était une militante antiesclavagiste, abolitionniste et antiraciste américaine.
Harriet Tubman est une figure majeure du marronnage, de l’abolitionnisme et du droit des femmes aux Etats-Unis. Elle connut l’esclavage, s’en libéra et devint une activiste de l’abolition et de tous les combats pour la justice et l’égalité.
Elle est née dans l’esclavage vers 1822 dans le Maryland aux Etats Unis. Adolescente, elle subit une grave blessure à la tête à cause d’un poids en métal d’un kilo jeté dans sa direction par un gardien qui tentait de stopper la fuite d’un marron. Suite à cette blessure elle a de nombreuses visions qu’elle interprète comme une révélation divine et acquiert une foi passionnée.
Elle échappe à son maître en 1849, et parvient à libérer sa famille. Elle participe activement à « l’underground railroad », ce mouvement abolitionniste radical qui, à travers un système de routes et de haltes clandestines, organisait la fuite des esclaves vers la liberté. Durant ses 13 voyages dans le Sud, Harriet Tubman a conduit près de 70 esclaves vers les États libres et le Canada.
Si elle a été avant tout une activiste non-violente, elle a rendu hommage à la révolte armée de l’abolitionniste John Brown. De cet activiste blanc, tout comme elle guidé par la foi, qui fut condamné à mort en 1859 après avoir tenté de mettre fin à l’esclavage en tentant un coup de force en Virginie, elle dira : « Il a fait davantage en mourant que cent hommes n’en auraient fait en vivant ».
Avec le recul de l’histoire, la révolte de John Brown apparaît comme un prélude à la guerre de Sécession, déclenchée par les divergences entre les états du Nord et du Sud sur la question de l’esclavage. Harriet Tubman y est très active. En 1863, elle participe au raid sur Combahee Ferry, une opération militaire qui libère plus de 700 esclaves. La victoire de l’Union apporte l’abolition de l’esclavage en 1865 par l’adoption du 13ème Amendement à la Constitution, faisant suite à la Proclamation d’émancipation de Abraham Lincoln de 1863.
Dans les dernières années de sa vie, Harriet Tubman se bat pour le suffrage des femmes, en soulignant que le courage et le sacrifice des femmes dans l’histoire moderne justifient pleinement leur égalité avec les hommes.
Elle meurt d’une pneumonie le 10 mars 1913, enterrée avec des honneurs semi-militaires.
Source : Fondation pour la mémoire de l’esclavage
https://memoire-esclavage.org/biographies/harriet-tubman
La Kahina
Reine-guerrière et voyante berbère
Qui était donc la Kahina, cette célèbre « reine des Berbères » qui, à la fin du VIIe siècle, osa défier la puissante armée des Omeyyades de Damas venue parachever la conquête de l’Afrique du Nord ?
Ce que l’on sait d’elle tient en peu de lignes, tant les sources à son égard sont laconiques.
Son soulèvement se déroule sous le règne du calife Abd al-Malik ibn Marwan (685-705), le bâtisseur de la Coupole du Rocher, à Jérusalem. Ce dirigeant exceptionnel met fin à la guerre civile qui déchirait l’Empire omeyyade en triomphant des factions hostiles. Il impose l’arabe comme langue officielle de l’administration et renforce la centralisation de l’État, dont il affirme le caractère islamique.
Il relance ensuite le mouvement des conquêtes, entamé un demi-siècle plus tôt avant d’être interrompu par la crise du califat. Au Maghreb, les Omeyyades avaient même perdu le contrôle de Carthage (réoccupée par les Byzantins) et de Kairouan. Le fondateur de la ville, Uqba ibn Nafi, succombe en 683 à une embuscade tendue par Kusayla, l’autre grand héros de la révolte berbère.
Certains chroniqueurs racontent que la Kahina était la mère de Kusayla, ou qu’elle aurait pris les armes pour venger sa mort sur le champ de bataille. Pour restaurer l’autorité du califat sur la région, Damas envoie en 698 un nouveau gouverneur, Hassan ibn al-Nu’man. Carthage est reprise sans difficulté, mais on le prévient qu’il ne soumettra le pays qu’en triomphant du chef de guerre auquel se sont ralliés les Berbères : une femme, retranchée dans le massif des Aurès. Présentes dans les récits des conquêtes arabes, les femmes y occupent le plus souvent un rôle passif illustrant la défaite des peuples vaincus. La Kahina est au contraire considérée comme une femme d’État et une guerrière.
Voyant avancer l’armée ennemie, elle démantèle la forteresse de Bagaï et choisit le lieu de l’affrontement, un cours d’eau qui sera plus tard surnommé la « rivière de l’épreuve » en raison de la défaite – mémorable – qu’elle inflige à ses adversaires. Hassan ibn al-Nu’man réussit à s’enfuir, talonné par ses poursuivants, jusqu’à la région de Barqa, dans l’est de la Libye actuelle, où il doit patienter plusieurs années avant l’arrivée de nouvelles troupes syriennes.
La Kahina capture 80 de ses compagnons, en particulier un certain Khalid ibn Yazid, qu’elle décide d’adopter lors d’une cérémonie qui reproduit symboliquement l’allaitement. Le chroniqueur Al-Raqiq, secrétaire de la dynastie qui dirigeait Kairouan au XIe siècle, décrit minutieusement la scène : la Kahina étale sur ses seins un mélange de farine d’orge et d’huile qu’elle offre ensuite à ses deux fils et à Khalid, qui deviennent ainsi des frères.
Ce récit factuel s’efface au profit d’anecdotes qui soulignent les pouvoirs magiques de la Berbère, dont le surnom en arabe désigne d’ailleurs la capacité à prédire l’avenir. Lorsque Khalid envoie à Hassan un message secret qu’il dissimule dans un pain, elle pressent la trahison : « Mes enfants, votre perte est dans un aliment ! » Alors que l’armée califale se rapproche, elle devine sa mort prochaine et confie à Khalid la protection de ses deux frères. Les cheveux déployés au vent, en signe de liberté féminine, elle sort combattre et tombe près du « puits de la Kahina ».
Article écrit par Cyrille Aillet
Ndaté Yalla Mbodj
Héroïne de la résistance à la colonisation, dernière souveraine du Waalo
Fille de Fatim Yamar Khouriaye Mbodj et d’Amar Fatim Borso, Ndaté Yalla Mbodj nait en 1810 dans le royaume du Waalo, issu de l’éclatement de l’empire wolof du Djolof et situé sur le delta du fleuve Sénégal. Elle appartient à la famille Tédiek, qui a construit sa fortune et sa puissance sur le commerce et les échanges avec les comptoirs français, déjà bien implantés en Afrique.
En 1816, le Brack (souverain) Kouly MBaba Diop meurt et la linguère (mères, sœurs, cousines des souverains) Fatim Yamar, sa cousine, lui succède. Son mari, Amar Fatim Borso devient le Brack du Waalo. Formées pour diriger le peuple, militairement comme politiquement, les linguères sont aptes à prendre soin du royaume.
Ainsi, quand en mars 1820, des guerriers maures profitent de l’absence du Brack pour attaquer la capitale, Fatim Yatar prend la tête d’une troupe de femmes pour les chasser. Elles parviennent à repousser un premier assaut mais sont défaites lors du deuxième. Fatim Yamar et de nombreuses autres femmes préfèrent alors se donner la mort plutôt que d’être prises. Avant de mourir, la linguère fait échapper ses deux filles, Ndjeumbeut Mbodj et Ndaté Yalla.
Ndjeumbeut Mbodj accède au pouvoir vers 1831. Pour sceller la paix, elle épouse l’émir du Trazar, souverain des Maures du Trazar, Mohamed El Habib. Cette alliance de deux royaumes inquiète la France qui lance de premières actions militaires contre le Waalo. Le règne de Ndjeumbeut, réputée être une souveraine sage, est marqué par des tensions avec la France. Lorsqu’elle meurt en 1846, sa sœur Ndaté Yalla lui succède ; elle est officiellement couronnée souveraine du Waalo en octobre 1846.
Dès 1847, Ndaté Yalla défie les autorités françaises en réclamant le libre passage des troupeaux, conduits par les Soninkés, vers la ville de Saint-Louis, et en faisant prévaloir ses droits sur les territoires du royaume de Waalo. En 1848, elle donne naissance à un fils, Sidya Ndaté Yalla Diop. Reine pugnace et affirmée, elle devient l’interlocutrice principale des Français au sein des royaumes wolofs. Tenant tête aux Français sans relâche, elle pille et interdit le commerce avec les Français.
Fin 1854, Louis Faidherbe est nommé administrateur colonial du Sénégal et une expédition militaire est décidée. En février 1855, ce sont 15 000 hommes qui débarquent au Waalo, armés de fusils que ne possèdent pas les guerriers de Waalo. Aux dignitaires du royaume, Ndaté Yalla Mbodj confesse :
« Aujourd’hui nous sommes envahis par les conquérants. Notre armée est en déroute. Les tiédos (guerriers) du Walo, si vaillants guerriers soient-ils, sont presque tous tombés sous les balles de l’ennemi. L’envahisseur est plus fort que nous, je le sais, mais devrions-nous abandonner le Walo aux mains des étrangers ? »
Ndaté Yalla prend la tête d’une grande armée et affronte les troupes françaises, mais elle est rapidement vaincue.
Ndaté Yalla Mbodj dernière souveraine du royaume de Waalo, meurt en 1860. Son fils, Sidya Ndaté Yalla Diop, lui succèdera dans la révolte contre les colons français.
Source :
Wangari Maathai
Figure politique kenyane et militante écologiste
Figure politique kenyane et militante écologiste, Wangari Maathai reçoit le prix Nobel de la paix en 2004, devenant ainsi la première lauréate africaine. Ses travaux sont souvent jugés gênants et subversifs dans son propre pays, car leur franchise s’écarte nettement de l’attitude traditionnellement réservée à la femme.
Née le 1er avril 1940 à Nyeri, au Kenya, Wangari Muta Maathai fait ses études aux États-Unis, au Mount St. Scholastica College (auj. Benedictine College, Kansas), où elle obtient une licence en biologie en 1964. Après avoir réussi sa maîtrise deux ans plus tard à l’université de Pittsburgh, elle obtient, en 1971, son doctorat à l’université de Nairobi, devenant ainsi la première femme Africaine docteur. Elle commence aussitôt à enseigner au sein du département d’anatomie vétérinaire, dont elle prend la direction en 1977.
Alors qu’elle travaille avec le Conseil national des femmes du Kenya, Wangari Maathai en vient à penser que les femmes vivant en milieu rural pourraient améliorer la qualité de leur environnement en plantant des arbres. Ce projet, qui offre une source de combustible, freinerait parallèlement la déforestation et la désertification. Afin de mettre en œuvre ses idées, Wangari Maathai fonde dès 1977 une association, Green Belt Movement, qui, au début du 21ème siècle, aura planté quelque trente millions d’arbres. Dès 1986, les principaux représentants de l’association mettent sur pied un réseau panafricain (Pan African Green Belt Network) visant à sensibiliser les dirigeants du monde entier aux questions de protection de la nature et d’amélioration des conditions de vie. Cette initiative est bientôt imitée dans d’autres pays d’Afrique, notamment en Tanzanie, en Éthiopie et au Zimbabwe.
Outre la protection de la nature, Wangari Maathai se bat pour les droits de l’homme, la prévention du sida et la situation des femmes, et défend souvent ces questions lors des séances de l’Assemblée générale des Nations unies. Élue députée de l’Assemblée nationale du Kenya en 2002 avec 98 %des suffrages, elle est nommée l’année suivante ministre-adjoint à l’Environnement, aux Ressources naturelles et à la Faune sauvage. En 2004, le comité Nobel choisit de saluer son « approche holistique du développement durable, qui embrasse la démocratie, les droits de l’homme en général et les droits des femmes en particulier », en lui décernant le prix Nobel de la paix.
Source :
https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/wangari-maathai
Sanite Belair
Jeune affranchie ayant participé aux combats de St Domingue en 1802
Sanite (ou Sanité), surnom de Suzanne, était une jeune affranchie originaire des Verrettes qui épousa en 1796 Charles Bélair, neveu, aide de camp et lieutenant de Toussaint Louverture.
Après la soumission et l’exil forcé de Toussaint, elle participe aux côtés de son époux aux combats de 1802, dans les retranchements escarpés des Matheux, contre l’expédition napoléonienne menée par le général Leclerc venue rétablir l’esclavage dans la colonie de Saint-Domingue.
Lors d’une attaque surprise contre les troupes de Charles Bélair parties en quête de renforts et de munitions, Sanite fut faite prisonnière. Désespéré, Charles se rendit. Le couple Bélair fut expédié à Leclerc, sur ordre de Dessalines, conservant un espoir de possible clémence de Leclerc. Ils furent condamnés six heures après leur arrivée au Cap.
La commission militaire « considérant le grade militaire de Charles et le sexe de Sanite, son épouse, condamna ledit Bélair à être fusillé et ladite Sanite, sa femme à être décapitée ».
Un des chefs d’accusation retenu contre Sanite concernait l’exécution d’un jeune blanc capturé par les troupes de Bélair et soupçonné d’espionnage. Pour l’accusation, les rebelles, en route pour les mornes de l’Arcahaie, « n’avaient pas parcouru un espace de cents toises que la citoyenne Sanite (…) déclara hautement qu’elle ne voulait pas donner des soins plus longtemps » à ce jeune Blanc. Ce dernier fut « tué à coups de sabre par les soldats de la huitième ». Mais pour l’acte d’accusation, « Sanite, la brigande, avait de ses propres mains, sabré ce jeune blanc. »
« Quand on le (Charles Bélair) plaça devant le détachement qui devait le fusiller, il entendit avec calme la voix de son épouse l’exhortant à mourir en brave. Au moment qu’il portait la main sur son cœur, il tomba, atteint de plusieurs balles à la tête ». Le jour de l’exécution, le 5 octobre 1802, Sanite exigea et obtint, non sans peine, de ses bourreaux d’être fusillée. « Sanite refusa de se laisser bander les yeux. Le bourreau, malgré ses efforts, ne put la faire courber contre le billot. L’officier qui commandait le détachement fut obligé de la faire fusiller. »
Source :
https://memoire-esclavage.org/biographies/sanite-belair
Billie Holiday
Chanteuse de Jazz et de Blues afro-américaine.
Billie Holiday dit « Lady Day », de son vrai nom Eleanora Fagan est née le 7 avril 1915 à Philadelphie. Avec Ella Fitzgerald, Nina Simone et Sarah Vaughan, elle est considérée comme l’une des plus grandes chanteuses que la musique jazz ait jamais connues. Malgré le succès, elle passera sa vie à lutter pour les droits civiques des afro américains et sera de nombreuses fois victimes de racisme aux Etats-Unis.
L’enfance de Billie Holiday ne fut pas un long fleuve tranquille. En effet, née d’une mère de 13 ans et d’un père de 15 ans, elle grandit dans un cadre difficile fait de plusieurs maltraitances et sans réelle stabilité familiale. Son père, guitariste de jazz, ne la reconnaît pas, sa mère, quant à elle, se prostitue et s’occupe peu d’elle. Très jeune, Billie Holiday est placée en maison de redressement, où elle sera violentée et violée. En 1928, sa mère, maintenant basée à New-York, la reprend. Une fois à New-York, Billie Holiday fait des ménages à Harlem et finit par se prostituer comme sa mère. Elle fera même un séjour en prison à Welfare Island à New-York. Après ces périodes compliquées, elle se lance dans la petite restauration avec sa mère. Elle se met au chant et acquièrent une certaine réputation dans plusieurs clubs de jazz. Elle fait également la rencontre de Bobby Henderson, qui deviendra par la suite, son compagnon.
La carrière de Billy Holiday commence réellement durant l’année 1933 lorsqu’elle chante dans un club. Elle est repérée par un certain John Hammond, producteur de la maison de disques Columbia. Il lui propose une session d’enregistrement avec la clarinettiste Benny Goodman. Billie Holiday enregistre ses deux premières musiques (You’re Morther’s Son-in-Law et Riffin’ the Scotch) en 1933. Elle se produit avec Bobby Henderson juste avant leur séparation à l’Apollo Theater, l’endroit où tous les jeunes talents se réunissent.
Plus tard, elle fait la rencontre de Lester Young, saxophoniste et clarinettiste qui deviendra son ami. C’est de lui que vient le surnom « Lady Day ». Ils partageront souvent la scène des clubs new-yorkais. Billie Holiday prend en popularité petit à petit et en 1935, elle fait la connaissance de Duke Ellington et fait une apparition dans son court-métrage « Symphony in Black » où elle chantera Saddest Tale. Durant cette même année, elle enregistre avec Benny Goodman, son nouveau compagnon et d’autres musiciens. Elle y interprètera deux chansons qui remporteront un vif succès et lanceront sa carrière (What a Little Moonlight Can Do et Miss Brown to You). Billy Holiday s’impose dans le paysage jazz new-yorkais comme l’une des figures majeures. Elle se produit régulièrement avec Teddy Wilson, pianiste et elle continue également sa collaboration avec Lester Young.
Tout semble réussir à Billie Holiday, de nombreux orchestres lui ouvrent leurs portes comme Arties Shaw ou encore Count Basie. John Hammond, le producteur de la maison de disques Columbia l’accompagne dans les clubs où elle chante et plus particulièrement au Café Society lors de soirées Jazz. Cependant, durant cette période, Billie Holiday se drogue et consomme énormément d’alcool. En mars 1939, elle interprète un poème dénonçant le racisme, Strange Fruit, qui remportera un grand succès tout comme Gloomy Sunday en 1941 qui confirmera son importance dans le milieu du jazz américain. Après un divorce, Billie Holiday connaît une nouvelle période assez sombre, son ex-mari lui ayant fait découvrir l’opium et la cocaïne, qu’elle consomme depuis quelques années. En 1945, sa mère décède. Malgré cela, elle continue d’enregistrer des musiques au succès rocambolesque (Fine and Mellow, Lover Man…).
Comme on aurait pu le deviner, Billie Holiday était à l’apogée de sa carrière mais, elle est vite rattrapée par sa consommation excessive de substances illicites, et sera condamnée à 1 an de prison pour détention de stupéfiants. Elle ne sortira de prison qu’en 1948. Désormais ruinée, elle ne peut plus travailler dans les clubs new-yorkais suite à son séjour en prison. Elle ne peut que se produire dans de grandes salles de concert ou hors de New-York mais le public n’est plus là. De plus, des mauvaises fréquentations comme celle de John Levy l’enfoncent de plus en plus dans la consommation d’héroïne. Elle échappe à une nouvelle condamnation et chasse les mauvaises fréquentations. En 1950, elle s’installe à Chicago et retrouve un semblant de succès avec Miles Davis. Billie Holiday fait également la rencontre de Louis McKay qui va l’aider à relancer sa carrière. Elle signe un contrat avec Verve et se met de nouveau à enregistrer avec des grands noms de l’époque comme Charlie Shavers, trompettiste ou encore Oscar Peterson, pianiste.
En 1954 et après la sortie du disque Billie Holiday Sings, le succès auprès du public fait son retour pour la native de Philadelphie. Elle commence une tournée en Europe, Français et Anglais sont conquis. De retour aux Etats-Unis, elle se produit au Carnegie Hall. L’année suivante, son nouvel album : Music for Torching sort et deviendra l’un de ses plus grands albums. Cependant, le retour de son succès, ne l’empêche pas de continuer ses travers et sa consommation de drogue est toujours élevée. Elle sortira un album en 1958 Lady in Satin avec Ray Ellis et son orchestre. Son dernier album sortira en 1959 et mettra un terme à sa carrière.
Après une nouvelle tournée en Europe, cette fois-ci ratée, Lester Young décède et Billie Holiday multiple les excès. Elle décède à New-York durant l’été 1959.
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Alice Coachman
Athlète américaine, première femme noire à remporter une médaille aux jeux olympiques
Cinquième des dix enfants d’Evelyn et Fred Coachman, Alice Coachman nait le 9 novembre 1923 à Albanie, en Géorgie (Etats-Unis), dans un État du Sud en plein cœur de la période de ségrégation raciale. Grandissant dans une famille pauvre, elle participe régulièrement à la récolte du coton ou d’autres cultures pour fournir un revenu supplémentaire à sa famille.
A l’époque, il est généralement mal vu qu’une fille pratique une activité sportive, et notamment l’athlétisme et la course. Mais Alice, justement, aime le sport et la course. Bien que son père tente de l’en dissuader – allant jusqu’à la fouetter s’il la trouve en train de pratiquer un sport -, Alice court, en cachette, pieds nus sur les chemins de terre près de chez elle ; elle s’entraîne à sauter au-dessus d’obstacles improvisés. Et elle joue au softball et au baseball avec des garçons.
Alice n’a pas, alors, l’idée de devenir une athlète professionnelle. Il faut dire qu’étant une fille noire dans un pays ségrégationniste, elle n’a pas accès aux infrastructures sportives, pas plus qu’aux clubs et associations. Elle penche alors plutôt pour un avenir dans la musique ou la danse. C’est une enseignante, Cora Bailey, et une tante, Carrie Spry, qui l’encouragent à développer son talent athlétique, et défendent sa passion face à ses parents. Alors Alice s’entraîne avec acharnement. Lorsqu’elle entre au lycée, le Madison High School, en 1938, elle peut enfin rejoindre une équipe d’athlétisme et travailler avec un entraîneur.
Rapidement, Alice Coachman est repérée par un entraîneur du Tuskegee Institute, une université noire, qui l’invite d’abord à venir s’entraîner avec son équipe et participer à des compétitions. En 1939, à l’âge de 16 ans, la toute jeune athlète reçoit une bourse pour étudier au Tuskegee Institute tout en faisant partie de l’équipe d’athlétisme. Une occasion rêvée pour Alice de bénéficier de suivre un cursus d’étude tout en continuant à pratiquer et à s’entraîner dans sa discipline. Pendant le temps qu’elle passe à l’université, elle remporte les championnats nationaux au 50 mètres, au 100 mètres, au relais 400 mètres – à plusieurs reprises – et au saut en hauteur, tout en participant aux compétitions pieds nus. En parallèle, elle joue également dans l’équipe de basketball – avec laquelle elle remporte trois compétitions -, travaille, et obtient un diplôme de couture puis d’économie domestique.
Véritable spécialiste du saut en hauteur, Alice domine la discipline en remportant le championnat national dix fois de suite, de 1939 à 1948. Sa participation aux Jeux olympiques semble évidente pour son entourage – si ce n’est pour elle -, mais les éditions de 1940 et de 1944 sont annulées en raison de la Seconde Guerre mondiale. Elle est alors au sommet de son art, et certains disent que si elle avait pu participer à ces éditions, elle aurait fait des étincelles… voire aurait été reconnue comme la meilleure athlète de tous les temps.
Lorsque les Jeux olympiques sont organisés à nouveau, à Londres en 1948, Alice se rend aux qualifications, et se qualifie en battant au passage le record de saut en hauteur. A Londres, un jour de pluie, elle saute 1m68 dès son premier essai, et emporte la médaille d’or. Elle est alors la première femme noire à remporter une médaille d’or aux Jeux olympiques, et reçoit sa récompense des mains du roi George VI.
De retour aux États-Unis, Alice Coachman goûte sa nouvelle célébrité. Elle rencontre le président Harry Truman et l’ancienne première dame Eleanor Roosevelt, des parades sont organisées en son honneur, le pianiste Count Basie lui organise une fête… Autant d’honneur et de célébrations qui n’effacent pas pour autant la ségrégation raciale toujours en vigueur dans le pays, et en particulier dans les États du sud. A Albany, lors d’événements en son honneur, Noirs et Blancs sont assis dans des espaces séparés. Et si le maire – blanc – d’Albany partage la scène avec elle, il ne lui serre pas la main.
En 1952, Coca-Cola sollicite Alice pour en faire une porte-parole, au côté du vainqueur olympique Jesse Owens, et l’athlète devient la première femme noire à obtenir ce type de contrat. Après les Jeux olympiques, elle met un terme à sa carrière sportive, forte de sa médaille d’or et de trente-quatre titres nationaux (dont dix en saut en hauteur). Par la suite, devenue enseignante et entraîneuse d’athlétisme, elle se consacre à la transmission et à la formation de jeunes athlètes. Après sa victoire olympique, de plus en plus de jeunes filles noires se lancent dans l’athlétisme et rejoignent des équipes scolaires et universitaires.
Alice épouse en secondes noces Frank Davis avec qui elle a deux enfants, Richmond et Evelyn, qui se lancent dans l’athlétisme sur les traces de leur mère. Elle meurt d’un arrêt cardiaque à Albany en juillet 2014, à l’âge de 90 ans, après avoir reçu de nombreux honneurs pour sa carrière sportive.
Source :
https://histoireparlesfemmes.com/2024/04/22/alice-coachman-medaillee-dor
Kimpa Vita
Prophétesse africaine, figure de la résistance à la colonisation portugaise dans l’actuel Angola au 18ème siècle.
Kimpa Vita serait née vers 1684 dans une famille noble à Mbanza Kongo au royaume de Kongo (dont le territoire couvre l’actuel Angola ainsi que du Gabon et du Congo).
Le pays ayant été évangélisé dès la fin du XVème siècle, elle est baptisée sous le nom de Dona Beatriz. Kimpa Vita, le nom africain par lequel elle reste connue, signifie « la jumelle née de la guerre », car elle grandit alors que le royaume est déchiré depuis près de 20 ans par la guerre civile provoquée par les conflits de succession et la volonté de conquête des Portugais, qui tentent de prendre le contrôle du territoire où ils pratiquent la traite esclavagiste depuis le siècle précédent.
Mystique, la jeune fille est élevée dans un mélange spirituel alliant les croyances africaines – elle est formée en tant que nganga marinda, un rôle de médium permettant à la communauté de résoudre les problèmes surnaturels – et la théologie catholique. A vingt ans, elle annonce avoir été visitée par saint Antoine de Padoue, un prêtre franciscain portugais du XIIIe siècle canonisé par l’Église catholique pour ses guérisons et ses miracles, qui l’aurait investie d’une mission divine de réunification du royaume autour de son ancienne capitale São Salvador, nouvelle Jérusalem.
Elle fonde alors « l’antonianisme », un mouvement syncrétique où elle mêle les croyances traditionnelles du Kongo et les enseignements de l’Église catholique romaine, en y ajoutant un discours de fierté noire appelé à un grand avenir : elle déclare en effet la race noire bénie de Dieu, et propose à ses adeptes une africanisation du christianisme, dans laquelle Jésus est noir, né à Mbanza Kongo, et où la Terre Sainte est par conséquent située au Kongo. Pour propager cette doctrine dans tout le pays, elle institue son propre ordre missionnaire, qu’elle envoie à travers le royaume pour la propager son message de fierté et d’émancipation, tout en plaidant pour la restauration politique d’un royaume unifié, libéré de l’influence pesante des puissances européennes, notamment le Portugal.
Dans ses discours comme dans ses actes, elle s’oppose aux missionnaires européens, à ses yeux incapables de répondre aux besoins spirituels des catholiques kongolais, et qu’elle accuse de sorcellerie. Rapidement, elle se constitue une puissante communauté de fidèles, plus de 80 000 à travers tout le Kongo, unis par un enseignement dans lequel l’Eglise catholique ne voit qu’une dangereuse déviance. Dans une lettre du 15 mai 1706, le Père Columbano da Bologna, Préfet des Missions du Congo et d’Angola, dénonce les pratiques blasphématoires et hérétiques du mouvement : l’interdiction de l’Ave Maria et de jeûner en Carême, l’admission de la polygamie, la rémission des péchés par l’exposition à la pluie etc.
Dans le chaos politique du Kongo, la montée en puissance de la prophétesse divise les élites locales et alerte le Portugal, la puissance coloniale dominante dans la région. Pour l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, Kimpa Vita « inquiète beaucoup les colons portugais et l’inquisition. Suffisamment, même, pour qu’on veuille la tuer ». Le pouvoir, associé à l’église, finit par frapper : les missionnaires se saisissent du fait que Kimpa Vita vient de mettre un enfant au monde pour contester sa sainteté et, alliés au roi Pierre IV du Kongo, ils lancent la répression contre le mouvement antoiniste et sa cheffe charismatique.
Kimpa Vita est arrêtée, jugée et condamnée au bûcher par l’Inquisition avec son compagnon. Elle est brûlée le 2 juillet 1706, avec son enfant dans les bras, à Evolulu dans l’actuel Angola.
Morte en martyre à 22 ans après avoir redonné l’espoir à un pays en proie à la division et à l’emprise de la puissance coloniale portugaise, mystique au croisement des spiritualités traditionnelles africaines et du message évangélique, figure majeure de son temps ayant suscité de nombreux témoignages de son vivant, Kimpa Vita a laissé une empreinte majeure dans l’histoire des résistances africaines à la colonisation. Son apparition unificatrice dans un pays ravagé par la discorde, sa quête prophétique et sa fin tragique sur un bûcher ne peuvent qu’évoquer l’image d’une Jeanne d’Arc, sa théologie syncrétique marquée par la fierté noire en faisant par ailleurs une précurseuse de l’idée panafricaniste.
Pour toutes ces raisons, elle n’a cessé d’être une référence au sein de nombreux cultes messianiques en Afrique, inspirant jusque dans la première moitié du XXe siècle des prédicateurs congolais et angolais à l’image du matswanisme, du kimbanguisme, ou encore des Églises noires anti-apartheid en Afrique du Sud. Pour l’auteur congolais Nginamau Petelo : « on peut lui attribuer, dans une certaine mesure, la maternité de l’indépendance africaine, au titre d’héroïne de la dignité et de la liberté noire ».
Aujourd’hui, une statue a été érigée à sa mémoire à Uíge en Angola, son nom reste un synonyme de résistance nationale et spirituelle dans toute l’Afrique, et son destin extraordinaire ne cesse d’inspirer les artistes et créateurs : en 2024, l’écrivain Wilfried N’Sondé lui a consacré son roman « La reine aux yeux de lune ».
Source :
https://memoire-esclavage.org/biographies/kimpa-vita
Yennenga
La princesse guerrièr
Yennenga aurait été une princesse qui a vécu dans le royaume Dagomba, situé dans l’actuel nord du Ghana.
Loin des clichés de la princesse chouchoutée dans le cocon familial, Yennenga était une guerrière de l’armée royale.
Comme le veut la légende, elle maniait avec habileté les armes de l’époque telles que les lances.
Elle était également connue pour être une excellente cavalière et était toujours prête à aider l’armée à remporter les batailles.
Il existe plusieurs versions qui expliquent la raison de son départ du royaume Dagomba.
Selon certaines sources, le cheval de la princesse se serait emballé au cours d’une bataille avant de s’enfoncer dans la forêt.
D’autres rapportent que la princesse guerrière en avait juste assez de sa vie de guerrière et voulait fonder une famille comme toutes les femmes de son âge. Ceci n’enchantait pas le roi, puisque Yennenga était l’un des meilleurs atouts de son armée.
À la suite d’une dispute avec son père, la princesse aurait enfourché un cheval et quitté le domicile familial. Elle s’enfuit en compagnie d’un garde de son père qui l’aide à échapper.
Au cours de leur escapade, Yennenga et son garde subissent une attaque.
Ce dernier est tué, mais la princesse guerrière parvient à s’enfuir sur le dos de son cheval.
Yennenga chevauche en direction du nord pour échapper à ses assaillants.
Après un long moment, épuisée, elle se couche sur le dos de son étalon et trouve refuge dans une habitation qu’elle aperçoit de loin.
C’est la maison d’un homme qui s’appelle Rialé.
Selon la légende, Rialé est un chasseur d’éléphant qui donne refuge à la princesse. Rialé et la princesse tombent rapidement amoureux.
De leur union naitra un fils qu’ils appellent Ouédraogo, ce qui signifie »étalon », à la mémoire de leur rencontre.
C’est le point de départ de ce qui deviendra le premier royaume Mossi.
Article écrit par Papa Atou Diaw, journaliste